
Il est temps de dépasser la simple critique, les Khémites. Nous avons besoin de solutions, ou peut-être qu’un silence serait plus constructif.
Retourner la Table : Un Regard Intérieur
Une vidéo récente partagée par un ami a suscité en moi un débat crucial, un débat que je me sens obligé d’aborder. La vidéo soulignait le manque de conscience perçu chez les Africains concernant l’impact historique et actuel des puissances étrangères.
Bien que je sois d’accord avec certains aspects de cette perspective, j’ai également des réserves importantes et je crois qu’une introspection plus profonde est nécessaire.
C’est une vérité douloureuse qu’en tant qu’Africains noirs, nous nous sentons souvent ciblés et marginalisés à l’échelle mondiale. Cependant, l’affirmation selon laquelle nous sommes la race la plus détestée sur Terre, bien que reflétant une réalité vécue par beaucoup, risque de négliger la complexité des dynamiques de pouvoir mondiales et les expériences d’autres groupes marginalisés.
Ce qui m’a le plus profondément frappé dans le message de la vidéo, et sur quoi je suis tout à fait d’accord, est l’examen critique de nos dynamiques internes. Le sentiment que « nous sommes ceux qui se haïssent le plus que tout autre peuple sur Terre » résonne profondément. Cette blessure auto-infligée, cette division interne, sert indéniablement les intérêts de ceux qui pourraient chercher à nous exploiter ou à nous nuire.
Considérez n’importe quel domaine de nos sociétés – la politique, les affaires, même les interactions sociales. Trop souvent, nous sommes témoins de nos propres retournements les uns contre les autres. Il ne s’agit pas d’absoudre les forces externes de leur responsabilité, mais plutôt de reconnaître un schéma destructeur au sein de nos propres communautés. Le proverbe « une brebis ne donne pas naissance à une chèvre » nous rappelle que nos luttes internes se perpétuent souvent.
Nous avions autrefois identifié l’analphabétisme comme un obstacle majeur au progrès. Aujourd’hui, bien que les taux d’alphabétisation aient effectivement augmenté à travers le continent, notre situation collective, à bien des égards, semble plus précaire. Nous avons une génération parlant couramment les langues mondiales, pourtant les préoccupations soulevées concernant l’oisiveté, l’engagement avec des contenus nuisibles et un raisonnement fallacieux ne peuvent être ignorées. Ce n’est pas une condamnation générale de notre jeunesse, mais un appel à une réflexion honnête sur la qualité et la direction de nos progrès.
La vidéo a abordé les expériences de diverses nations africaines en matière de migration intra-continentale. L’accueil initial d’individus des pays voisins pour des rôles spécifiques, pour ensuite les voir amasser une richesse et une influence considérables, dépassant parfois celles des citoyens locaux, est une question complexe aux racines historiques.
L’exemple des commerçants tchadiens en République centrafricaine met en évidence comment ces dynamiques peuvent remodeler les économies et créer de nouvelles structures de pouvoir.
Les proverbes partagés – « on récolte ce que l’on sème » et « si tu sens une mauvaise odeur de ton aisselle, alors prends un bain » – nous incitent à regarder à l’intérieur, à reconnaître nos propres contributions aux défis auxquels nous sommes confrontés.
Bien qu’il soit facile, et parfois nécessaire, de pointer du doigt l’extérieur, le flux constant de critiques sans solutions concrètes nous laisse dans un état de lamentation perpétuelle. Nous sommes lassés des vidéos et des récits qui se concentrent uniquement sur le blâme sans offrir de voies à suivre.
Retourner la table nécessite un changement fondamental de perspective. Cela exige que nous affrontions nos divisions internes, que nous abordions les lacunes de notre développement et que nous favorisions un esprit d’unité et de soutien mutuel. Cela signifie aller au-delà de la simple identification des ennemis extérieurs et travailler activement à guérir les blessures au sein de nos propres communautés. Ce n’est qu’alors que nous pourrons véritablement tracer une voie vers un avenir plus autonome et prospère. Les solutions ne résident pas seulement dans la compréhension des actions des autres, mais dans notre propre transformation.